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Affirmer que la pomme de terre est un légume révolutionnaire pourrait passer pour une galéjade ou un mauvais paradoxe. Non seulement le développement de sa culture est contemporain de la Révolution, non seulement il permit d’anéantir les famines, mais encore il bouleversera totalement l’économie des Pays d’Europe occidentale.
L’historien Henri Manceau juge probable que le précieux légume se répandit dans les Ardennes avant 1740. Dans les Ardennes belges, comme dans les pays germaniques, la pomme de terre est cultivée dès le début du 18e siècle. Le terrible hiver de 1702 et la famine qui s’ensuivit va probablement en exhorter la culture : elle résiste au rude climat et au sol pauvre de l’Ardenne. Avec le pain, c’était la source principale de l’alimentation. Pour Henri Manceau, la pomme de terre était plus répandue dans le Nord du Département. Dans le Rethélois, pois et fèves étaient plus consommés, la région de Sedan et de Carignan étant experte dans la culture du chou cabu et la vallée de l’Aisne s’étant spécialisée dans les carottes, les oignons et les grosses fèves grises comme les féveroles qui noircissaient le bouillon.

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Confrerie 1      Confreries

La confrérie de la cacasse à cul nu
Née en juillet 2001, la confrérie de la cacasse à cul nu s'attache à réhabiliter et à promouvoir un plat emblématique ardennais, à savoir une fricassée de pommes de terre connue sous le nom de la cacasse à cul nu, pour laquelle la confrérie a élaboré une recette officielle.
Présente dans de nombreuses fêtes gastronomiques ardennaises, la confrérie de la cacasse à cul nu ne passe pas inaperçue lors des défilés, avec son énorme chaudron noir posé sur un plateau de bois porté à l'épaule par quatre de ses membres.

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La pomme de terre était cuite de multiples façons, qui ne portaient pas toutes la même appellation. Henri Manceau relève : Dans le Rethélois historique, à Acy Romance, on appelait "croque au sel" les pommes de terre cuites sous la cendre, "pigeons d’Ardenne" ou pigeonneaux d’Ardenne celles cuites à l’eau, ou inversement. Pommes de terre en ardennais se dit « Canadas  »

affiche  

Le film « les patates »


Le 21 novembre 1969 sortait sur les écrans de cinéma le film de Claude Autant-Lara « les patates » dans lequel Pierre Perret - pour qui s’était son premier film - jouait le rôle de Clovis, le personnage principal. Tiré du roman ardennais de Jacques Vaucherot, les patates - éditions Flammarion, le film a été tourné pour toutes les scènes extérieures à Bourg-Fidèle surtout, puis à Rocroi, Fumay, Givet et Charleville.
L’histoire est celle de Clovis, son épouse, ses deux fils et ses parents qui vivent dans un modeste village ardennais situé au cœur de la zone interdite, en 1944 : la guerre, l’occupation allemande, les privations, la hantise de la faim. Clovis décide de cultiver un champ de pommes de terre. Il devra d’abord le surveiller jalousement puis les armes à la main, le défendre contre la convoitise des voisins, non sans provoquer une série de catastrophes.

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Quelques noms de variétés de pommes de terre méconnues :
Spartaan, Dâvenne, Edouard VII, Fouilleuse, Corne Rose, Bec de cane, Gade, Rognon, Nicolas, Résy.
    Extraits de la revue Terres Ardennaises
    Articles de Michel Tamine et Jacques Lambert

La cacasse à cul nu est le plat du pauvre en Ardenne. C’est une fricassée de pommes de terre rôties dans une cocotte en fonte avec une tranche de lard mais sans autre viande. La cacasse à cul nu habillée comporte, elle, de la viande.

 
   assiette

 

Recettes (deuxième série)

Les pommes de terre à la mode de ROCROI

Pour 6 personnes

Compter 6 à 8 pommes de terre de belle taille, à chair ferme. Laver les tubercules et les mettre à cuire à l’eau avec leur pelure. Les laisser refroidir et les couper en rondelles.

Dans un plat, battre 5 œufs entiers avec 200 g de lait et 200 g de crème fraîche, sel, poivre et une pointe de muscade.

Beurrer largement un plat en terre, garnir le fond d’une couche de rondelles de pommes de terre, parsemer de fines lamelles de fromage de Rocroi. Mettre à nouveau des pommes de terre et parsemer de fromage de Rocroi râpé. Ajouter la sauce jusqu’à immersion presque totale des pommes de terre et mettre au four moyen (th 6/5) pendant 25 mn.

Galette aux coutaillons

Sur un fond de tarte en pâte levée, disposer des "coutaillons" ou morceaux de pommes en forme de dés. Napper de gelée de pommes, parsemer de cassonade et mettre cuire au four moyen (20 mn)

Le Golzau d’Nouzon  - Ou pâté aux pommes de Nouzonville

Préparer une pâte levée avec 400 g de farine, 2 œufs, 2 petites tasses de lait tiède, 30 g de levure de boulanger, 100 g de beurre fondu. Laisser lever 1 heure dans un endroit tiède. Garnir le fond d’une tourtière avec une bonne moitié de la pâte de façon à ce que les bords débordent légèrement. Remplir de fines lamelles de pommes biens serrées. Saupoudrer largement de sucre et modérément de poivre. Recouvrir du reste de la pâte étalée au rouleau en couche assez fine ; souder les deux parties à l’aide des doigts humectés d’un peu d’eau tiède. Creuser une petite cheminée au milieu du pâté et dorer le tout au jaune d’œuf. Faire cuire à four moyen (th 6/5) pendant 30 mn. On peut arroser en cours de cuisson, par le trou de la cheminée, de crème fraîche tiède, sucrée, mélangée avec un jaune d’œuf.

Les Tautrons de Fumay

Ils faisaient bien souvent partie du repas des ardoisiers, la ville de Fumay étant autrefois la capitale de l’ardoise mauve.

Avec une pâte levée ou feuilletée rustique foncer une tourtière. La remplir de compote de pommes non sucrée ou très peu sucrée. Disposer par-dessus, selon l’aisance, des petites saucisses de pays passées à la poêle et bien dorées. Recouvrir d’un couvercle de pâte au milieu duquel on pratiquera une cheminée. Mettre à cuire au four moyen pendant 20 mn. Manger bien chaud.

La pâte feuilletée rustique

(ou "pâte broyle au sayin" = pâte broyée au saindoux )

Procéder de la même façon que pour une pâte feuilletée ordinaire, en incorporant, par opérations successives, à la pâte levée ci-dessus, du saindoux ou de la margarine. Soit 150 g à 200 g de matière grasse à ajouter pour 250 g de farine.

Le matias ou galimatias de Rocroi

Foncer un moule à tarte ( 27 cm de diamètre ) avec une pâte levée et laisser monter la pâte dans un endroit chaud.

Faire blondir légèrement 2 oignons moyens dans un peu de graisse et mettre de côté. Faire fondre 150 g de blanc de poireaux coupé en lamelles en ajoutant 2 cuillères de vin blanc, sel, poivre. Répartir oignons et poireaux sur le fond de tarte.Parsemer le tout d’une pomme de terre crue râpée, de 3 œufs battus avec 2 cuillères de lait et de quelques lamelles de fromage de Rocroi répandues çà et là. Mettre à four chaud ( th 8/7 ) pendant 15 mn. Servir chaud.

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Bon appétit !