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Au jour où j’écris ces quelques lignes peu de personnes se souviennent du « rétameur » qui passait dans les villages en chantant « à rétamer les fourchettes, les cuillères ». En ces temps lointains (jusque dans les années 30), le rétameur (en fait l’étameur) passait quelques jours par an dans un village, avant la fête communale, et y restait environ une semaine. À ses appels lancés d’une forte voix, les ménagères rassemblaient leurs ustensiles de cuisine en fer blanc ou en cuivre, les casseroles, les faitouts, etc. et les confiaient à cet artisan ambulant. Les cultivateurs étaient aussi de bons clients. Ils apportaient des bidons à lait percés, des filtres, des seaux pour la traite à réparer…

Pour se déplacer, l’étameur utilisait une sorte de charrette aménagée tirée par un cheval ou deux mulets avec un compartiment aménagé sous le plancher pour le matériel et les matériaux. Un auvent sur le côté de la roulotte abritait l’artisan qui pouvait travailler même par mauvais temps.

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la roulotte de l'étameur sur la place du village

Tôt le matin, il installait son atelier en disposant tout son matériel. Il allumait son réchaud à charbon de bois et actionnait le soufflet pour faire fondre l’étain et le maintenir liquide. Celui-ci était le principal matériau avec l’acide chlorhydrique. L’outillage était plus conséquent. Il se composait d’un ou de plusieurs réchauds avec soufflet (plus modeste que celui du forgeron), de marteaux de toutes tailles, d’une enclume, de cisailles à métaux, de tenailles, de bassines, etc.

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la roulotte de l'étameur

Le travail le plus simple était l’étamage des couverts et petits ustensiles de cuisine. L’étameur les plongeait dans l’acide pour les décaper puis dans l’étain. Ensuite il les essuyait avec un tampon d’étoupe pour leur redonner un éclat brillant.

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l'étameur et son réchaud à soufflet

Le travail le plus compliqué et le plus long était le rapiéçage des fonds de casseroles, de seaux ou encore de bassines. En effet, il fallait que l’artisan découpe le fond percé ou fragilisé, en taille un neuf et le mette en place par soudure. Bien entendu toute cette activité exigeait beaucoup d’heures de travail. Bien souvent sa femme et ses enfants l’aidaient.

etameur

l'étameur

Malheureusement, l’arrivée sur le marché de nouveaux matériaux et notamment du plastique supprima beaucoup de travail et progressivement le métier de rétameur disparut.